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L’allée couverte de la Cave aux Fées

La cave aux fées est une sépulture collective néolithique qui daterait de 2000 ans avant notre ère. La pièce de terre contenant ce monument qualifié de tombeau druidique fut mise aux enchères en 1899 au prix de 5 francs !

Connue dès avant la Révolution et partiellement explorée à diverses reprises depuis cette date, l’allée couverte fut plus systématiquement fouillée en 1889 par Adrien de Mortillet (fils de Gabriel de Mortillet, géologue préhistorien 1821-1898) puis retomba quasiment à l’abandon.

Il faudra attendre 1975 pour que des travaux de restauration entrepris par le Service Régional d’Archéologie révèlent son imposante architecture.

La Cave aux Fées a été classée monument historique en 1957.

■ Dimensions : 14mx2m. – Hauteur : 2m en moyenne

■ Matériaux : Le monument est constitué d’imposantes dalles de grès formant des piliers entre lesquels sont empilées de petites dalles calcaires pour combler les interstices.

■ Signes particuliers : La chambre était recouverte de dalles, au moins jusqu’au XVIIIème siècle, comme le prouve un récit rapporté par Cassan, mais elles ont été brisées et utilisées comme matériaux de construction. De la dalle hublot séparant la chambre de l’antichambre, il ne subsiste que la moitié inférieure encore en place. On peut nettement voir sa feuillure.

Plan du monument (d’après Peek 1975).

■ À noter : L’avant-dernière dalle au fond à gauche de la chambre, comporte des gravures peu visibles réalisées par piquetage. Avec un peu d’attention, peut-être arriverez-vous à les distinguer. Elles représentent une croix, un écusson et une palette. Ces thèmes évoquent ceux d’Armorique, et constituent, pour les spécialistes, une étrangeté dans le Bassin parisien.

Ce qui a été découvert à la Cave aux Fées

Des restes humains.

Deux couches à inhumations séparées par un dallage ont été identifiées.
Une estimation de 1894 conclut à la présence d’au moins 150 individus, toutes couches confondues. Les spécialistes pensent aujourd’hui qu’il y en avait bien plus.
On a découvert 45 crânes dont la plupart étaient incomplets.

Des objets.

Une ébauche de hache, une grande lame en silex gris, deux petites lames, plusieurs retouchoirs, quelques flèches à tranchant transversal, un morceau d’os carré percé d’un trou, deux épingles en os. Parures : plusieurs canines de carnivores percées (blaireau, renard et chien), des coquilles également percées, des perles en nacre, trois perles en os et une unique perle en cuivre.
Vers 1935, on a aussi exhumé une dalle triangulaire dans les déblais de l’entrée comportant quatre rainures, ce qui évoque fortement un polissoir.

Attention, une légende…

Sachez que le monument que vous visitez aujourd’hui a terrorisé plusieurs générations de villageois. Il doit son appellation à la croyance suivant laquelle il était la demeure de fées dont la seule occupation consistait à effrayer les passants. On parlait aussi d’apparitions, lors des nuits les plus noires, d’une vache blanche venant piétiner les champs avoisinant la Cave aux Fées.

La visite au village d’un esprit fort dans le courant du XVIIIeme siècle n’a rien arrangé, comme le rapporte Cassan dans sa statistique de la Seine et Oise : « Quant à la Cave aux Fées, voici un fait que je tiens de Mme  la Comtesse de Lastours, qui le tenait de son père. Vers le milieu du siècle dernier, un étranger étant venu visiter Breuil, dit un jour aux habitants : Quel est l’heureux mortel qui possède la Cave aux fées près de l’autel des druides ? Elle renferme les dépouilles et les trésors des Gaulois. A l’instant même, les habitants accoururent en foule au château, demandant au seigneur la permission de fouiller la Cave aux Fées. Ils avaient à peine commencé, qu’ils trouvent un escalier, un souterrain bien voûté, de longs rangs de squelettes et des armes ; mais tout à coup une terreur panique les saisit ; ils s’enfuient, comblent l’entrée du souterrain. Personne n’a visité depuis la Cave aux Fées ».

La force de l’imagination aura donc eu la vertu de maintenir intacte la sépulture de Brueil, et les dépouilles qui y reposaient…

… peut en cacher une autre

« Sur les hauteurs de Brueil-en-Vexin, se tient une allée couverte néolithique aux dimensions particulièrement imposantes. Il s’agit de la Cave aux Fées, fouillée à la fin du XIXème siècle, à laquelle se rattachent de nombreuses légendes. L’une d’elles rapporte qu’elle abritait un personnage fantastique sans tête nommé Blaisot, qui courait la campagne pendant la nuit et égarait les voyageurs isolés en poussant des cris. »

Des projets pour mettre en valeur ce patrimoine

Dans le cadre de la décentralisation, l’Etat a dévoilé il y a quelques mois une liste de 162 sites dont la gestion pourrait revenir aux collectivités locales si elles le souhaitent.

Cette liste a été établie sous l’égide de René Rémond, le Président de la Fondation nationale des sciences politiques. Règle de base : ce qui fait partie de la mémoire de la nation doit continuer à relever de l’Etat, même chose pour les édifices qui ont un rayonnement international, comme certains sites archéologiques. En revanche les lieux moins chargés d’histoire pourraient être potentiellement transférables aux collectivités locales. C’est le cas de l’allée de la Cave aux Fées.

Même si cette rétrocession aux collectivités locales n’est pas obligatoire, la commune de Brueil-en-Vexin s’est immédiatement portée candidate pour reprendre le site à sa charge.

Dans une interview au Courrier de Mantes, Bruno Caffin, maire de la commune, explique :

« La Cave aux Fées fait partie de notre patrimoine communal et elle se trouve sur un chemin de randonnée très emprunté. Nous avions d’ailleurs mis la réhabilitation de la Cave aux Fées au programme de notre mandat. Je pense que ce transfert va simplifier les démarches. Au lieu de nous adresser au ministère qui, nous le savons, a peu de budget pour ce genre de travaux, nous pourrons prendre les décisions seuls ».

Le maire projette ainsi d’entreprendre rapidement le nettoyage et la sécurisation et l’accessibilité du site et d’installer des panneaux signalétiques mentionnant la présence de la tombe, de son origine, de son histoire. Un dossier a été déposé en ce sens en juillet dernier… À suivre.

 

Mais la Cave aux Fées non plus, ne s’est pas faite en un jour !

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